Cyrano De bergerac

Passionné de littérature classique et d’alexandrins, je suis venu au théâtre grâce à Cyrano de Bergerac. Cette pièce est un miracle, elle recèle tous les ingrédients qui font les chefs-d ’œuvres populaires. Drôle, émouvante et tragique, elle parle d’amour, de poésie, de théâtre, d’impossible. Ce qui m’attire aussi, et ce qui est central dans l’œuvre de Rostand, c’est la question du beau et du laid, de l’intériorité et de l’extériorité. Dans nos sociétés occidentales frénétiquement fascinées par les apparences, où soi-même suffit à soi-même, où ce que l’on voit est ce qui est, il m’a paru pertinent de faire entendre cette langue sublime qui honore celles et ceux qui pensent, qui ressentent et qui élaborent. C’est aussi la tragédie des secrets, procédé génial, dont a usé Pagnol dans Jean de Florette, qui consiste à faire savoir aux spectateurs ce que les personnages ignorent. Pour Pagnol, nous savons où se trouve la source, pour Rostand, nous savons qui est au côté de Christian, sous la fenêtre de Roxanne. Et puis la langue, inspiré d’Hugo, mais débarrassée de son emphase, Rostand touche au sublime par la simplicité. C’est fluide, c’est un enchantement, un bonheur pour les acteur·rice·s.

Enfin, il y a le Théâtre du Peuple. Pour y avoir mis en scène en 2008, Hop la Fascinus, le spectacle du soir, j’en garde un souvenir impérissable. Plus que jamais, je crois en ces illustres maisons qui résistent au temps et aux modes. L’œuvre de Rostand peut, j’en suis convaincu, résonner fortement avec les valeurs défendues par le Théâtre du Peuple, faites d’intelligence, de générosité et de joie.