MA SŒUR ET MOI (ET SOPHIE SCHOLL)

1943. Sophie Scholl, résistante, faisant partie du groupe de la Rose Blanche qui distribue des tracts anti-nazi dans plusieurs villes allemandes, est dénoncée par le concierge de l’Université de Munich, le 18 février, et exécutée le jour-même de son procès, le 22 février, ensemble avec son grand frère Hans.

2011. Laetitia Perrais est assassinée le 19 janvier par un homme qu’elle connaissait, et auquel elle avait dit « non », et qui ne l’a pas supporté, ça : que l’on puisse lui résister.

Résister.

Nous avons imaginé que Laetitia, appelé significativement « Petite » par son entourage, née et grandi dans la misère sociale, ait pu se construire grâce à cette tutrice rencontrée par le biais d’un prof d’histoire-géo. Que l’exemple du courage de Sophie Scholl, avec laquelle elle se trouve une ressemblance physique, transcende son monde où elle est considérée et se considère depuis toujours comme victime. Que cette Sophie Scholl imaginaire fait qu’elle se construit sa propre révolte, qui est de dire non à son agresseur, au péril de sa vie.

La Sophie fantasmée revient pour s’entretenir avec la sœur de Petite, Alice, restée seule et inconsolable après l’assassinat de celle-ci. Ressentant un abandon.

C’est une plongée dans les affres du manque, de l’absence et du deuil. Le dialogue des deux jeunes femmes permet de décortiquer la disparition ; la frustration, la colère, le chagrin de celles qui restent, mais aussi de celles qui sont parties.

Point final ou point d’exclamation : il s’agit d’en finir avec cette fin éternellement ouverte. Déjouer la mort, cette grande empêcheuse de conversations, par le biais du théâtre. Parler de l’essentiel. Et même si ce n’est pas avec la bonne personne ; Sophie Scholl est presque la bonne, elle est même meilleure que la bonne ; c’est une héroïne morte pour une grande cause et pas une petite sœur assassinée par un homme malade.

On panse ses plaies comme on peut, et c’est plus doux par l’imaginaire.

Le petite histoire et la grande Histoire. Peu importe. Ce sont des jeunes filles. Face à la folie des Hommes.